Église Saint-Mars
21 septembre 2018
Historique
L’église paroissiale est placée sous le patronage de Saint-Marse. Construite à proximité de sa tombe elle développe à travers ses vitraux et divers objets mobiliers, une iconographie retraçant la vie légendaire de l’ermite.
Albert Le Grand rapporte (Vies des Saints de la Bretagne Armorique) que Marse aurait refusé de manger en temps de Carême des eulogies bénites par l’évêque de Rennes. Dissimulées sous sa bure, elles se seraient transformées en un serpent, retrouvant leur aspect initial une fois la faute avouée à Melaine.
Retrouvés intacts, les ossements du saint firent l’objet d’un culte en l’église paroissiale jusqu’en 1427. Pendant la guerre de Cent Ans et pour la sécurité du reliquaire les habitants portèrent les reliques au château de Vitré. Transférées en la collégiale voisine de la Madeleine, elles regagnèrent Bais en 1750 (un fémur et deux côtes).
La révolution vit la profanation de l’église par les troupes du général Vérine le 27 avril 1794. Les reliques furent soustraites à la fureur des soldats par une paroissienne jusqu’en 1846.
En 1843, le reste des ossements de Saint-Marse, fût restitué à la paroisse de Bais.
Ces deux derniers événements sont illustrés par deux verrières à l’intérieur de l’église :
- L’une des ateliers Lobin de Tours
- l’autre de la maison Champigneulle de Paris.
L’édifice est classé au titre des monuments historiques en 1910 et inscrit en 2006.
Les vitraux
L’ensemble des vitraux date du dernier quart du XIXe siècle. Deux ateliers y ont œuvré : Lobin de Tours et Charles Champigneulle et fils de Paris.
Par arrêté du 2 avril 1982, 10 verrières pour la plupart réalisées par l’atelier parisien ont été classées monuments historiques au titre d’objet,
Il est possible de scinder en trois cet ensemble suivant le thème illustré :
– la vie de Saint-Marse et le culte de ses reliques, l’expression de la piété propre au XIXe finissant, la manifestation de dévotions plus classiques : Saint-Marse et son culte à Bais
A l’occasion d’une prédication à Bais, Saint-Marse fit jaillir une source. Verrière de Champigneulle, 1886.
Saint-Aubin, Saint-Lô et Saint-Marse ramenant le corps de Saint-Melaine de Platz à Rennes. Verrière de Champigneulle, 1886.
Mme Crublet sauvant les reliques de Saint-Marse à la fureur révolutionnaire le 27 avril 1794. Verrière de Lubin de Tours.
Restitution des reliques de Saint-Marse par la paroisse Notre-Dame de Vitré en 1843. Verrière de Champigneulle, 1886.
Mobilier
Le maître-autel de l’église et son retable lavallois.
Le chœur de l’église accueille un grand retable lavallois datant de 1678. Anonyme, il peut être rapproché de l’école des Corbineaux par l’emploi du marbre et l’utilisation des ornements floraux en bois doré. Retouché en 1840 et 1936, il conserve d’indéniables qualités architecturales et un ensemble de statues anciennes. Il fut décidé sa conservation lors de l’agrandissement de l’église (fin du XIXe siècle) et son classement à titre d’objet (arrêté du 18 octobre 1974). Cette œuvre n’est pas une singularité pour la région vitréenne. La richesse, née de l’industrie toilière, a permis au XVIIe siècle de recourir au service d’architectes mayennais traduisant dans la pierre, par leur art ostentatoire, l’orgueil et la ferveur des paroisses.
Ces retables lavallois s’inscrivent dans le contexte de la Contre-Réforme. Celui de Bais n’a guère de visée catéchétique. Ce rôle est dévolu à la chaire, ici disparue. Il concourt à la théâtralisation du mystère eucharistique, le Concile de Trente ayant réaffirmé la doctrine de la transsubstantiation. Il participe de la volonté de hiérarchisation des espaces sacrés au sein de l’église. Le chœur est désormais exclusivement dévolu aux seuls ministres du culte.
Le retable est caractéristique de la production lavalloise. Œuvre savante d’un architecte, la composition s’organise sur trois niveaux horizontaux (soubassement, partie médiane, second étage), contrebalancée par une tripartition verticale (corps central, légèrement en retrait, flanqué de deux ailes latérales). Il est puissamment structuré. L’effet tassant de l’étagement, que soulignent de forts entablements, est contrecarré par l’élan ascensionnel auquel contribuent le triple emmarchement conduisant à l’autel, la profusion des colonnes et colonnettes, l’usage de frontons courbes ou brisés.
Le retable lavallois allie richesse des matériaux utilisés (tuffeau blanc du Val de Loire, marbres blanc, rose de Saint-Berthevin, noir d’Argentré ou Sablé) et profusion des ornements dorés (chapiteaux corinthiens, guirlandes et paniers de fleurs, têtes d’angelots et autres volutes et rinceaux). Il abrite toute une statuaire classée : Saint-Pierre et Saint-Paul à l’étage noble, Saint-Marse trônant tout en haut de la composition, entre le Christ rédempteur et Sainte-Anne. Le tableau central représente une Descente de Croix, copie inversée de celle de Jean Jouvenet conservée au Louvre.
Le porche
Vaste, ouvert au nord et au sud, laisse un large passage devant l’église.
Portail classé monument historique en 1910
L’immense portail renaissance (1566) en impose par l’harmonie de ses lignes architecturales et l’abondance de sa décoration.
La façade Nord
Elle est une admirable démonstration du travail successif de plusieurs siècles. On y remarquera : la tour du clocher (XIIe siècle), ses murs épais avec une seule petite ouverture, son granit, ses contre forts massifs qui s’amenuisent par retraits successifs, tout indique le haut Moyen Age.
La porte Saint-Marse datée de 1545 donnait sur le cimetière (transféré au début XXe siècle). Le vantail a dû précéder ceux des deux grandes portes Ouest, il est de même bois et de même facture.
La superbe façade Sud date du XVIe siècle.
La nef
La nef centrale est formée de piliers polygonaux et de grands arcs brisés supportant une voûte en bois avec entraits puissants, enjolivés dans leurs extrémités. C’est la carène de vaisseau renversé, si chère aux constructeurs du XVe siècle.
Dans la nef latérale Nord les vitraux sont de facture renaissance.
L’un rappelle le sauvetage de 1798 du petit reliquaire de Saint-Marse effectué par Mme Crublet.
L’autre raconte les faits marquants de la vie de Marie.
En remontant cette allée vers le choeur on remarquera le reliquaire de Saint Mars.
D’autres vitraux réalisés par les ateliers Lobin de Tours nous montrent la vierge Marie et Sainte-Elisabeth, Saint-Joseph et Saint-Joachim ainsi que l’enfant Jésus et Jean-le-Baptiste jouant ensemble.
Le chœur
Dans le chœur au dessus du tabernacle, une toile représente la descente de la croix. De part et d’autre du chœur se trouvent les vitraux de Saint-Paul terrassé sur le chemin de Damas et de Saint-Pierre recevant les clés
Dans la nef latérale sud, terminée en 1886, d’autres vitraux évoquent la vie de Saint-Marse, notamment celui du miracle de la source, la sépulture de Saint-Melaine et le transfert des reliques de Saint-Marse.
Les bancs, le chemin de croix et le pavement datent de la fin du XIXe siècle.